De longues plages de sable et une mer bleu turquoise, le tout au pied d'un cratère… Seul le vent vient troubler la paix de ces îles à la fois si proches et si éloignées de nous. Peu habitées, elles ont depuis le temps de la colonisation portugaise l'habitude d'accueillir de nouveaux venus.
L'arrivée sur l'île de Sal
"Qu'est ce que je fais là ?" Je me posais sérieusement la question pendant le trajet entre l'aéroport international et le petit village de Santa Maria sur une longue route goudronnée. En bord de piste : rien, hormis des terres en friche, asséchées par le vent. Pas un seul arbre, un seul arbuste, ni la moindre trace de vie. L'oasis située sur la gauche de la route ressemble davantage à une mauvaise blague de Dame Nature.
Mon choix s'était porté sur les îles du Cap Vert afin de visiter une Afrique tropicale différente, apprivoisée et sans danger. Un village apparut alors, se dressant seul face à l'immensité de la mer. Les paysages de l'île de Sal sont faits de couleurs chaudes, à l'image des tableaux des artistes locaux : l'azur de la mer, le rouge des sols et le noir des pierres utilisées pour asphalter les routes.
De majestueux marais salants dans le cratère
A une demi-heure de voiture de Santa Maria en direction du nord se trouvent les marais salants de Pedro de Lume. Pour les atteindre, il vous faut traverser un tunnel sombre sous la montagne volcanique. Face à nous, jusqu’au sommet de la colline, puis aussi de l’autre côté, les habitants installèrent autrefois les constructions destinées à l’exploitation du sel. Ces marais sont uniques en leur genre car ils se situent au sein même d’un ancien volcan, arrosé par l’eau de mer qui s’infiltre en sous-sol. Dans ces bassins, l’eau est 25 fois plus salée que dans l’océan. Ses vertus thérapeutiques sont reconnues. Profitez-en aussi longtemps que vous le souhaitez. Ne soyez pas surpris par le fait que la densité de l’eau vous maintiendra en permanence à la surface, comme en Mer Morte. Inutile de vous battre ! A proximité, des douches et cabines de massage sont à votre disposition.
Si les îles du Cap Vert se sont développées, elles le doivent en grande partie aux marais salants comme ceux de Pedro de Lume. Ils furent découverts au milieu du XVème siècle par le capitaine portugais Alvise Cadamosto, qui sentit immédiatement le potentiel des lieux. Cet "or blanc" vital pour le continent africain était alors échangé contre des esclaves noirs dispersés sur ces îles afin de permettre le commerce du sel dans le monde entier.
Avant de regagner Santa Maria, nous partîmes visiter les bassins naturels de Buracona. Certains visiteurs s’y baignaient. Nous nous contentâmes d’admirer le vert de ces bassins et le bleu de la mer qui arrose ces falaises volcaniques noires.
Une grande diversité
L’archipel est entièrement volcanique. Il se compose de deux ensembles : les îles dans le sens du vent (Boa Vista, Sal, Sao Nicolau, Sao Vicente), certaines habitées (Santa Luzia, Santo Antao) et les îles face au vent (Maio, Santiago, Fogo, Brava). L’aérodrome de Sal relie sept îles. A 200 km, la plus grande d’entre elles est Santiago. Des femmes transportaient sur leurs têtes toutes sortes de marchandises : de lourds vases, des paniers de fruits et légumes ou toute chose susceptible d’être vendue sur le marché de la capitale, Praia.
Alors que Praia n’était encore qu’une plage inhabitée, les colons portugais fondèrent la ville de Cidade Velha. Cet endroit était si riche que les pirates de la région se faisaient un plaisir de le piller régulièrement. En 1712, après une énième attaque, les blancs quittèrent les lieux. Là où autrefois débarquaient marins et esclaves, chevaliers et aventuriers en tous genres ne restaient plus qu’une poignée d’africains qui vivent aujourd’hui encore dans l’espoir de découvrir un trésor caché.
Cette impression d’Afrique disparut en débarquant sur l’île de Fogo sur laquelle le rôle principal est tenu par le volcan. Il est responsable de l’apparence actuelle des lieux, de ces plages et terres noires. Le cœur du volcan Cha das Calodeiras abrite les vignes qui donnent un vin rouge très fruité, au fort goût de groseille. Au sommet du cratère, un petit village et quelques vignes ont pris possession de ce sable volcanique.
Après une vingtaine de minutes de bateau, nous arrivâmes sur l’île de Brava. Toutes les maisons de la capitale Nova Sintra sont blanches et abondamment fleuries. Brava est l’île des poètes. Ici, blancs et noirs se mélangent. Les immigrants ont apporté leur touche à la vie créole locale. On croise fréquemment des couples mixtes qui parlent anglais à leurs enfants. On vit ici d’amour et de commerce. Brava vit intensément pendant son carnaval, qui est une version modeste de celui de Rio.
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